Je suis étudiant en licence anglais-chinois à l'Université de Bordeaux-Montaigne. L'année universitaire qui vient de s'écouler a été la plus difficile de ma vie. Tout a commencé bien avant, en 2022, lorsque j'ai subi une opération pour un ongle incarné. Malheureusement, cette opération a été un échec en raison d'une erreur du chirurgien. Plutôt que de résoudre le problème, la situation a empiré, et j'ai dû supporter cette douleur pendant encore deux longues années, jusqu'à ce que je puisse subir une nouvelle opération en juin 2024.
Durant cette période, la douleur était constante et insupportable. Elle m'a empêché de vivre une vie normale. Je ne pouvais pas assister aux cours régulièrement, étant souvent contraint de manquer jusqu'à deux jours de cours sur trois. Cela a eu un impact énorme sur mon année universitaire. De plus, à cause de ma blessure, je ne pouvais pas faire de sport, courir, nager, ni même voyager ou me déplacer pour des activités simples comme aller à la plage. Prendre une douche était un calvaire, car mettre mon pied en contact avec de l'eau provoquait une douleur intense. J'étais limité à prendre une douche une fois par semaine, parfois même une fois tous les 15 jours.
Lorsque j'ai déménagé pour étudier à l'Université de Bordeaux-Montaigne à Pessac, l'adaptation à cette nouvelle vie a été particulièrement difficile dans ces conditions. Ma blessure m'a isolé socialement. Je ne pouvais pas sortir, je ne pouvais pas me faire d'amis, et je me suis retrouvé complètement seul. Cette solitude était d'autant plus pesante que, lorsque je manquais un cours, je n'avais personne à qui demander des notes. Même quand je sollicitais l'aide d'autres étudiants que je ne connaissais pas, leurs promesses d'envoyer les cours par mail restaient souvent non tenues. Cela a rendu l'apprentissage encore plus difficile, notamment pour le chinois, que je découvrais pour la première fois, contrairement à d'autres étudiants qui l'avaient déjà étudié au collège ou au lycée. Apprendre une langue sans pouvoir la pratiquer ni avoir des explications quand c'était nécessaire était extrêmement compliqué.
Au début de l'année universitaire, le manque d'informations claires sur le fonctionnement de l'université a encore amplifié mon stress. J'ai découvert, après un mois et demi de cours, que je devais faire des devoirs en ligne chaque semaine. Ignorant cela, j'ai raté plusieurs semaines de devoirs, ce qui a affecté mes résultats. J'ai tenté de rattraper ces devoirs, même si cela signifiait un travail considérable en une semaine, mais ma demande a été refusée par l'administration. Ils m'ont simplement dit que j'aurais dû être plus attentif. Cette situation m'a plongé dans une dépression profonde, accentuant encore mon isolement et mon sentiment d'impuissance.
Le premier semestre s'est soldé par un échec total. Entre décembre et janvier, pendant la période des examens, j'étais complètement dépassé. J'avais raté tellement de cours que rattraper le retard semblait impossible. J'ai fini par échouer à la plupart de mes examens. Cette situation m'a rendu fou de rage. J'en voulais à cet ongle incarné qui m'avait gâché la vie pendant quatre ans, à ce chirurgien qui avait commis une erreur irréparable, et à moi-même pour ne pas avoir pu surmonter ces obstacles. Après une semaine de crise, j'ai tenté de me remotiver pour le second semestre. J'ai décidé de faire de mon mieux, malgré la douleur, pour assister aux cours et réussir l'année.
Cependant, à partir de mars 2024, la situation a empiré. La douleur liée à mon ongle incarné est devenue encore plus insupportable. Chaque pas que je faisais était un supplice, et il m'était de plus en plus difficile d'assister aux cours. J'ai essayé d'expliquer ma situation à mes professeurs, mais ils ne semblaient pas comprendre l'ampleur de ma douleur. J'ai même tenté de leur montrer des photos de mon pied, mais ils refusaient de les voir, les images étant trop choquantes. Mon pied n'avait plus rien d'un simple ongle incarné, c'était une masse de chair brûlée, découpée, qui suintait en permanence. Malgré les certificats médicaux et les consultations hebdomadaires avec les médecins, les professeurs insistaient sur le fait que je devais venir en cours, peu importe mon état.
Cette incompréhension m'a poussé au bord du gouffre. J'ai traversé des périodes de dépression extrême, au point de penser au pire. Cependant, un espoir a fini par apparaître lorsque j'ai consulté un nouveau chirurgien à l'hôpital. Il m'a proposé une deuxième opération, mais il fallait encore attendre quelques mois. Cette attente, bien que difficile, m'a semblé insignifiante comparée aux quatre années de souffrance que j'avais endurées. Finalement, en juin 2024, j'ai subi cette opération.
Le deuxième semestre s'est terminé de manière catastrophique. En raison de la douleur, je n'ai pas pu assister à la plupart de mes examens. Je me souviens avoir été présent à un seul examen, un oral de chinois. Le professeur, qui connaissait ma situation, m'a demandé si j'étais prêt. Je n'avais rien appris, je n'avais pas pu réviser à cause de la douleur. J'ai simplement signé la feuille de présence et je suis parti, sachant que j'allais avoir zéro. Pendant la session de rattrapage, qui s'est déroulée du 17 au 29 juin 2024, je n'ai pu assister à aucun des oraux et très peu d'écrits. Finalement, le 26 juin, j'ai subi l'opération tant attendue. À ce moment-là, je ressentais un mélange de soulagement et de stress. Soulagé parce que l'opération s'était bien déroulée, mais stressé à l'idée que l'erreur du premier chirurgien puisse se reproduire.
Après l'opération, je savais que j'allais redoubler. C'était une première pour moi, et l'idée de redoubler m'angoissait énormément, surtout à cause du jugement de ma famille. J'avais peur qu'ils ne comprennent pas ma situation, qu'ils réagissent comme mes professeurs, avec indifférence ou incompréhension. Pourtant, je ne voulais pas leur mentir. Alors, j'ai décidé de leur parler honnêtement. Ils savaient déjà à quel point ma situation était difficile, car ils l'avaient vécue à mes côtés. Quand je leur ai annoncé que j'avais redoublé, ils ont compris, même s'ils étaient mécontents. Cette réaction m'a mis mal à l'aise, mais je me suis dit qu'il était temps de penser à moi et à ma santé avant tout. Ma famille, malgré leur mécontentement, ne pouvait pas comprendre pleinement l'ampleur de la douleur et de la souffrance que j'avais endurées pendant ces quatre années.
Aujourd'hui, je peux dire que l'opération a été un succès. Je peux marcher, courir, et recommencer à vivre normalement. Même si j'ai redoublé, je vais recommencer mon année en septembre 2024 avec une nouvelle détermination. Je suis résolu à ne pas refaire les mêmes erreurs que lors de ma première année. Je veux que tout soit bien organisé, compréhensible, et facile à apprendre. Je veux aborder cette nouvelle année avec l'objectif de réussir, non seulement en validant mes examens, mais en apprenant réellement quelque chose. J'étudie l'anglais et le chinois parce que j'ai une passion pour les langues et une ambition de pouvoir les parler couramment avec des natifs. Cette année a été un calvaire, mais elle m'a aussi beaucoup appris. J'ai tiré des leçons précieuses de cette épreuve, et je suis déterminé à ne pas reproduire les mêmes erreurs.
Merci d'avoir pris le temps de lire mon témoignage. Si vous traversez une situation similaire, n'hésitez pas à en parler. Il est important de ne pas rester seul face à la douleur et aux difficultés.